Déjouer les pièges de l’ empathie pour bien vivre avec !

Retrouvez cet article sur l’empathie au format audio, pour l’écouter facilement en voiture, dans le bus, en cuisinant ou dans votre bain !


Déjouer les pièges de l’empathie pour bien vivre avec !

Cet article sur l’empathie est pour vous si vous avez l’impression d’être facilement touché par les émotions des autres, et aussi d’être parfois fatigué par ce mécanisme !

Eh ! oui ! si l’ empathie est une qualité, à trop la développer cela peut venir perturber l’équilibre interne, créer de la fatigue ainsi qu’une surcharge émotionnelle. Je vous propose ici un zoom sur ses mécanismes et des pistes à explorer pour bien vivre avec cette formidable capacité de compréhension de l’autre.

L’ empathie : qu’est-ce que c’est ?

Si l’on reprend la définition que propose le Larousse, l’empathie est la « faculté intuitive de se mettre à la place d’autrui, de percevoir ce qu’il ressent. »

Il s’agit donc d’un mécanisme activé en présence d’autres personnes qui permet de percevoir l’état de notre entourage.

Que ce se passe-t-il concrètement quand on fait preuve d’ empathie ?

Pour avoir cette faculté intuitive de « se mettre à la place de… » c’est en réalité tout notre système sensoriel qui participe en captant les informations de notre environnement visuelles, auditives…(empathie émotionnelle). L’intellect participe aussi pour comprendre les cheminements internes de l’autre au niveau de ses pensées, de ses croyances, de ses valeurs (empathie cognitive).

 Ainsi, un timbre de voix un peu tremblant, associé à certaines expressions du visage vont permettre de percevoir la peur chez autrui.

Notre cerveau mémorise l’expression des émotions tel une grille de lecture qui permet au fur et à mesure de savoir décrypter l’état de l’autre.

Cet apprentissage est plus ou moins développé en fonction de l’éducation et du parcours de vie. Une fois cette capacité de lecture de l’autre acquise, elle s’effectue de façon automatique, on dit alors qu’elle est intuitive même si elle résulte d’un apprentissage.

Ainsi, lorsque votre conjoint rentre le soir après une longue journée, vous saurez décrypter s’il est stressé avant même qu’il vous le dise. Sans vous en rendre compte, vous l’aurez perçu, à travers sa manière d’ouvrir la porte, le rythme de ses pas, sa façon de poser ses affaires ou encore à sa posture (épaules relevées, visage fermé) et au ton de sa voix… etc.

L’utilité de l’empathie est vite établie. C’est une qualité sociale qui permet de percevoir rapidement de l’autre, ce qu’il ressent et d’ajuster son comportement pour créer une communication plus fluide. Naturellement, cette fonction adaptative facilite les relations et les échanges.

Mais ne dit – on pas que l’on a les défauts de ses qualités ?

Alors à trop s’appuyer sur ce mécanisme quel est le risque ?

Alors à trop s’appuyer sur ce mécanisme quel est le risque ?

Nous pouvons prendre ici l’exemple des professions d’aide, où l’empathie est particulièrement stimulée au contact de personnes en souffrance.

L’empathie peut devenir source de mal-être, et dans ce contexte il va s’agir d’apprendre à la doser pour la gérer au quotidien.

A être trop sollicité les inconvénients peuvent apparaître :

– vivre les émotions des autres : l’ascenseur émotionnel

Si l’on perçoit facilement chez l’autre son ressentit et ses émotions, le risque est aussi de se les approprier. Notre cerveau a cette faculté d’activer ses neurones miroir, faculté d’autant plus présente si l’on est proche de la personne. Ce mécanisme peut vite conduire à ressentir et même vivre l’émotion de l’autre comme si elle nous était propre.

Mais si j’ai passé une bonne journée, et que je retrouve le soir un conjoint stressé. Est-ce utile que je finisse par ressentir son stress ? Pas vraiment…

– le stress et la fatigue

Le fait de capter en permanence l’état des autres et de s’adapter en fonction de ceux-ci peut vite devenir source de stress. En effet, le stress apparaît lorsque que les capacités d’adaptation sont dépassées, ou encore lorsque nous n’avons pas les moyens suffisants pour agir.

Si l’émotion de l’autre est trop forte, ou que l’on est impuissant pour l’aider, le stress peut vite apparaître. Percevoir l’état de l’autre, peut entraîner l’envie d’agir pour l’aider, mais souvent cela renvoi à une forme d’impuissance. Si nous pouvons aider, compatir, nous ne pouvons pas gérer à la place des autres ses propres émotions. Et face à l’impuissance le stress arrive…

– le dévouement auprès des autres au détriment de ses propres besoins

Percevoir ce que ressent l’autre, c’est le mettre au centre de son attention. Et souvent cette capacité est associée à un souci de l’autre. Là encore, c’est une qualité bien sûr, mais à condition de ne pas s’éloigner de ses propres besoins.

Comment bien vivre avec son empathie

Je vous propose ici des pistes à explorer si le fait d’être empathique occasion chez vous du stress, de la fatigue ou tout autre inconvénient.

Et pour cela partons de la lecture que propose Carl Rogers de l’empathie , pour lui il s’agit de :

« La capacité empathique implique donc que, par exemple, on éprouve la peine ou le plaisir d’autrui comme il l’éprouve, et qu’on en perçoive la cause comme il la perçoit (c’est-à-dire qu’on explique ses sentiments ou ses perceptions comme il se les explique), sans jamais oublier qu’il s’agit des expériences et des perceptions de l’autre. Si cette dernière condition est absente [ou cesse de jouer], il ne s’agit plus d’empathie mais d’identification.”

L’important est donc de ne pas s’identifier complètement à la personne qui souffre. Et de garder la capacité à distinguer les pensées et les émotions de l’autre et ses propres pensées et états affectifs. Certes, face à quelqu’un qui éprouve des émotions difficiles, il est bon et utile de pouvoir identifier ce que cette personne ressent, mais il faut toujours savoir que c’est elle, et non soi-même, qui éprouve les émotions en question.

En pratique, comment cultiver cette capacité de différenciation ?

– Prendre du temps pour soi : se recentrer

Parfois, les systèmes sensoriel et émotionnel sont surstimulés par la quantité d’information détectées et traitées. Pour ne pas être déborder en accumulant une charge émotionnelle trop importante, il faut donc prendre soin de s’octroyer des temps de repos sans trop de stimulations pour revenir à soi. En sommes, des pauses avec moins d’interactions et moins de stimulis.

Et si l’on reprend l’idée de Carl Rogers, selon laquelle il ne faut « jamais oublier qu’il s’agit des expériences et des perceptions des autres », il est nécessaire de revenir à soi et à ses propres expériences.

Les notions de self corps, de lieu ressource sont ici fondamentales. Ils permettent de se recentrer et de retrouver en soi un espace protégé qui recentre sur sa propre identité. Ce processus est le point de départ des séances, qui permettent dans un premier temps d’apprendre à s’installer confortablement en soi. Il peut être retrouvé la méditation et bien sûr l’auto-hypnose. Mais aussi à travers des activité génératrices de bien être tel que la musique, le sport, le contact avec la nature.

Le fait d’apprendre à retrouver cet espace protégé en soi, a être son propre refuge, permet de s’aventurer en toute sécurité vers les autres et les ressentis qu’ils peuvent susciter en nous.

Il s’agit ici d’une hygiène de vie à installer au quotidien et pas seulement dans les périodes où l’on a le temps. Je dirais même que c’est lorsque l’on a le moins de temps que l’on en a le plus besoin.

– S’écouter

Vous l’avez compris, il s’agit de ressentir… alors il est important d’être à l’écoute de ses propres sensations physiques. En avoir conscience permet de prendre du recul lorsque l’on se sent envahie par l’émotion d’un autre et que l’on ne souhaite pas l’éprouver.

Si une amie vous raconte son accident de voiture, que vous commencez à sentir une accélération du rythme cardiaque, les mains moite… il temps de vous rappeler que ce n’est pas vous qui avez eu l’accident et que vous êtes à l’instant où elle vous le raconte en parfaite sécurité. Ce simple recadrage permet de ne pas s’approprier les « traumatismes » des autres.

Ce qui n’empêche pas par ailleurs d’avoir de la compassion.

– cadrer cette capacité

Ce n’est pas parce que l’on a appris à lire que l’on lit tout. Il en va de même pour l’empathie. Elle peut être adaptée avec certaines personnes ou dans certaines situations mais pas tout le temps. Une bonne manière de savoir dans quel contexte il peut être nécessaire de mettre de la distance avec ce mécanisme est la fatigue ressentie. Si certaines interactions vous vident de votre énergie, c’est qu’il y a certainement quelque chose à revoir.

– choisir ce que l’on a envie de ressentir

Nous l’avons vu, l’empathie est un processus dans lequel notre attention est tournée vers les autres. Il peut être bon parfois d’inverser le mouvement.

Un petit exercice peut être fait chaque matin. Il consiste à vous demander ce que vous avez envie de ressentir pour la journée. Du calme, de la joie, de l’enthousiasme, de la force, de la curiosité, de la chaleur…

Et puis de vous replonger dans un souvenir où vous avez ressenti cette sensation, en laissant revenir l’ambiance, les détails… vous pouvez même imaginer les sensations se diffuser dans le corps et les laisser s’amplifier.

Une fois ce ressenti choisit, installé en vous et amplifié, vous serez moins bousculé par les ressentis des autres. Vous aurez fixé un cap, et serez moins aux prises avec les vents contraires.

La prise de conscience des mécanismes est la première étape nécessaire a la prise de recul. Et si vous souhaitez être accompagné pour canaliser votre empathie et apprendre à vous recentrer, le cabinet vous est ouvert, pour un rendez-vous en présentiel ou à distance.

Pour aller plus loin sur l’ empathie…

Vous êtes curieux et aimeriez en savoir plus ? Je vous recommande la lecture du livre Judith Orloff ” Le guide de survie des hypersensibles empathiques“. Un livre qui aborde les différentes facettes de l’empathie et propose des exercices pratiques